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Chapitre II : Réveil (en progrès)

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Message par Advenas Mer 23 Juil - 9:17

« Abel… Abel. »
Il ouvrit les yeux difficilement. Le soleil ne tapait pas encore dans la pièce, il était très tôt.
« Abel, s’il te plaît, réveille-toi. »
Celui qui tentait de le réveiller le secoua doucement. Abel inclina sa tête vers son interlocuteur. Encore embourbé, il aperçut Brock, 1er général et ami d’enfance.
« Qu’est-ce que tu fais là, Brock ? Il est encore tôt. »
Il entendit un sanglot retenu. Ce léger bruit lui fit ouvrir grand les yeux, assis sur son lit. Son ami n’était pas dans son état normal : les muscles de son cou étaient crispés, ses yeux rougis.
« Pitié Abel, ne réagis pas trop mal. »
Il n’en fallu pas plus pour que la gorge d’Abel se serra. Il ne voulait pas avoir compris.
« Edgar ? » demanda Abel dans un souffle.
Sur ce mot, le général ne put retenir ses pleurs plus longtemps. Il acquiesça puis se laissa aller à la tristesse. Encore dans les draps, l’Ombre se rapprocha doucement du malheureux, et l’étreint avec ses bras. Pendant que les yeux d’Abel se perdirent dans le vide, Brock craqua pour de bon. 


Les habitudes matinales ne semblaient avoir aucun sens. Préparer un thé (deux cette fois), s’habiller, manger un fruit. Tout était automatique, rien n’était voulu. Les rituels quotidiens allaient aider à passer ces jours surnaturels à venir. Abel se mit à table, thé à la main, en face de son ami, en piteux état. Il ne pleurait plus, mais semblait vidé de ses émotions. Il n’avait pas échangé un mot depuis l’annonce, et Abel avait trop de questions à poser. Il en risqua une.
« Comment ? »
Brock sortit de sa torpeur, relevant enfin la tête après plusieurs minute d’inactivité.
« Je ne sais pas. Erik l’a trouvé au réveil, dans la grande salle, allongé sur le dos. C’était déjà fini. C’est pas beau à voir, Abel.
- Comment ça ?
- Tu verras quand on y sera. »
Pour l’instant, il se surprenait de ne pas avoir craqué. Il avait déjà repassé le drame plusieurs fois dans sa tête, pendant des années. Il s’imaginait craquer totalement, pleurer pendant des heures à ne plus pouvoir s’en remettre. Mais en-dehors d’une incompréhension totale, il restait de marbre. Il avait hélas déjà connu ça.
« On y va, dit Abel en se levant rapidement.
- Attends deux minutes. Rassies-toi s’il te plaît. »
Il ne contesta pas plus, et obéit.
« Un problème ?
- Pas encore. Je veux juste te clarifier certaines choses. »
Brock reprenait son ton professionnel, un signe de rétablissement.


« L’annonce ne va pas être publique dans les jours qui viennent. Je sais ce que le roi avait mis sur tes épaules. Il m’en avait parlé, et nous sommes les deux seuls à avoir connu sa méfiance. Je ne veux pas que cela se sache en-dehors de notre cercle.
- C’est-à-dire ?
- Ceux qui l’ont vu et qui doivent le voir. Ses fils, le médecin, toi et moi. Pour l’instant, il est malade pour tout le monde. Sauf pour nous, hélas. »
En tant qu’Ombre, il était à la tête de toutes les opérations de Lemuria demandant de la discrétion. Il savait mentir, mieux que personne, et il devait y arriver encore une fois.
« Nous rendrons cela officiel quand tu auras pris ta décision, Abel.
- Il n’avait donc écrit aucune préférence ?
- Rien. S’il voulait te mettre une pression, Edgar a réussi son coup. »
Abel se prit la tête entre les mains. Le roi ne lui avait donné ce fardeau qu’il y a quelques jours, et si des préférences personnelles étaient déjà présentes, il n’avait aucun choix objectif. La semaine à venir allait être interminable.
« Maintenant, dit Brock en se levant, on y va. »


Les deux amis sortirent de la maisonnette d’Abel, dans le Bras Nord de Lemuria. Le ciel bleu annonçait une journée magnifique pour le commun des mortels, mais pas pour des endeuillés. Les étales se préparaient déjà dans le quartier commercial, et la ville se réveillait doucement.
« Reste calme, ne fais pas de vague. » ordonna Brock.
Fermant la porte, Abel tourna légèrement la tête.
« Tu es le 1er général, en armure, au milieu du quartier commercial. J’ai une chemise et un pantalon de toile. On me connaît à peine. Je te retourne la remarque.
- Certes. »
Il adorait Brock, mais sa maladresse à l’oral n’avait d’égale que son professionnalisme. Quand il avait tort, il le reconnaissait par un « certes », mot qu’il prononçait au moins deux fois par jour. Ils se mirent en marche, remontant le bras par la rive nord.
« Comment va Erik ? C’est bien lui qui l’a découvert il me semble, demanda Abel.
- Il ne comprend pas. C’est la première fois qu’il perd quelqu’un d’important, tu sais.
- C’est vrai qu’il n’a pas pu souffrir de la mort d’Andrea.
- Erik était trop jeune. Ca n’était pas notre cas, malheureusement.
- Et David ? interrogea Abel après une pause.
- Il ne dit pas un mot depuis le réveil. J’ai réussi à tenir en lui annonçant la nouvelle. Excuse-moi d’avoir craqué, Abel. »
Ce dernier tapa du plat de sa main sur la poitrine de son ami.
« Ca me rassure de savoir qu’il y a un cœur qui bat en-dessous de cette tête de pioche. »
Pour la première fois de ce qu’il semblait être une éternité, les deux hommes eurent un léger rire. Mais presque coupables de rigoler dans ces circonstances, ils s’arrêtèrent rapidement, retournant dans un silence conforme.


Ils approchaient de la forteresse. Tous les matins, l’Ombre se motivait rien qu’en contemplant la demeure des rois. Mais aujourd’hui, sa vue n’était que le synonyme d’un estomac retourné. Quittant progressivement les quartiers, le silence s’installa progressivement. Le bruit camouflait certaines pensées négatives, le calme de la périphérie les faisait ressurgir. Abel se sentit baisser la tête, mais la releva immédiatement. Il n’était pas dans ses habitudes de se laisser abattre.
Ils pénétrèrent dans l’enceinte, les deux ailes parallèles au fleuve coulant au centre de l’avenue. Une centaine de mètres plus loin, l’espion royal aperçut une silhouette assise sur les marches blanches menant à l’entrée. Il faisait face au fleuve. Les cheveux blonds, reconnaissables de loin, ne laissait aucune autre possibilité : il s’agissait d’Erik.
« Je vais avoir besoin de toi, Abel, aujourd’hui et les temps qui viennent, déclara Brock d’un ton sérieux.
- Je comprends bien.
- Etre un oiseau de mauvais augures ne me convient pas. J’ai assez répandu la mauvaise nouvelle. Le soutien que je te demande ne sera pas que pratique. »
Abel entendit des sanglots étouffés dans la voix du général. D’une tape sur l’épaule, il rassura son ami.
« Je m’occupe du reste. Va te reposer, la journée va être longue. »
Et elle le sera, le matin s’étant à peine imposé. Brock acquiesça, puis d’une marche rapide se détacha d’Abel pour se diriger vers le seuil. L’Ombre, elle, se rapprocha d’Erik.


Il s’assit à ses côtés. L’aîné d’Edgar ne semblait pas remarquer son ami. Ses yeux restaient perdus dans le cours du fleuve. Que dire à quelqu’un qui venait de perdre son dernier parent ?
« Où est ta famille, Erik ? »
Ce dernier sembla seulement apercevoir la présence d’Abel. Il leva enfin les yeux.
« Je ne sais pas. Je les ai laissés dans la grande salle. Je n’aurais pas dû laisser Lilian rentrer. Il a vu son grand-père, le sang autour… »
Les circonstances s’y prêtaient bien, et Erik se laissa aussi aller aux pleurs. L’espion imagina la douleur qu’avait pu ressentir l’aîné lors de la découverte. Il devait voir le corps cependant.
« Calme-toi Erik. Les jours à venir vont être compliqués. Tu dois rester fort pour Lilian et Nina.
- Je sais. Je n’ai pas le choix. »
Avec une certaine gêne, Abel se releva et se dirigea vers la forteresse, laissant Erik seul avec ses pensées.
« Abel, dis-moi. Qui Edgar a désigné comme successeur ? Il ne nous a jamais rien dit. Il te l’avait peut-être confié. »
Cette question donna la nausée à l’Ombre. Il préférait oublier le plus souvent possible ce fardeau. Répondre vite, pour éviter toute autre question.
« Non, il ne m’a rien dit. Il a dû laisser la consigne quelque part, ou à quelqu’un.
- D’accord. J’espère que son choix aura été bien réfléchi. »
Le cœur d’Abel ne s’arrêta pas de s’accélérer.
« Même après ta mort, ils y réfléchissent encore, Edgar », pensa Abel.

Advenas

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Date d'inscription : 07/07/2014

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