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Chapitre X - Diocletian

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Message par Advenas Jeu 10 Juil - 9:19

Chapitre X : Diocletian (en cours).

Ses gelures le réveillèrent. S’il est devenu immortel, il reste humain, dont la douleur est une malheureuse composante. Son esprit était encore flou : étaient-ils parvenus à sortir du col ? Pour dernière vision, un homme attendait devant sa charrette, tout en bas. Les tremblements intempestifs le rassuraient, on était loin de l’immobilisme effrayant d’un froid paralysant. Abel avait réussi, et malgré la souffrance et la position inconfortable dans laquelle il était à l’arrière du chariot, il esquissa un sourire de soulagement. Tout autant immortel qu’il soit, un évanouissement dans la neige de l’Hoberheim ralentirait sa quête, la condamnant peut-être, à terme, à son échec.
Il ouvrit doucement les yeux. Vers où se dirigeaient-ils ? Il ne se souvenait pas avoir donné de direction à leur conducteur. La vision, cependant, le rassurait : une plaine infinie, de nuit, s’étendait à la gauche de la charrette. Il tourna la tête avec peine pour apercevoir, de l’autre côté, la mer, où se reflétaient les astres. S’il pouvait mourir, il aurait aimé se trouver ici comme crépuscule de sa vie. En cherchant du regard, il aperçut David et Maria, eux aussi allongés sur le chariot. Leur sommeil à tous deux semblaient profond. Le froid les avait beaucoup plus affectés : David était déjà épuisé des évènements précédents, et Maria n’était pas habituée à une telle morsure du froid. Même immortelle, sa peau brune n’avait sûrement jamais connu ni la neige, ni le blizzard. 


Doucement, il se mit assis, ses articulations le faisant grimacer. Depuis combien de temps étaient-ils en route ?
« Réveillé ? »
Abel eut un léger bond de surprise. Leur transporteur se trouvait juste derrière lui. Il ne détourna même pas la tête pour lui poser la question.
« Tout est relatif, mais oui, il semblerait. »
Le charretier étouffa un rire.
« Même à demi-assommé, tu conserves ton humour. »
Cette phrase finit de réveiller l’ancienne Ombre.
« Tu sais qui je suis ?
- Il semblerait. Tu devrais t’éviter un tortis-coli, viens devant. »


Avec une légère défiance, Abel se déplaça à l’avant, là où le conducteur lui avait laissé un semblant de place. C’était encore moins confortable qu’à l’arrière, si ce fut possible. Mais l’intriguant ne le laissait pas l’esprit libre pour penser à sa douleur. Il aperçut au lointain la Marche d’Or. Une telle distance ne se couvre pas en une journée… Leur sommeil avait peut-être duré plus longtemps qu’il ne l’imaginait. Abel tenait à se rassurer.
« Quand est-ce que vous nous avez récupérés ?
- A l’aube, peut-être un peu plus tard. »
S’il cherchait un début de réponse, il allait devoir attendre, pensa-t-il.

« Comment peut-on avoir en vue la Marche d’Or en une journée en partant du col de l’Hoberheim ?
- Je ne sais pas, Abel. Ou peut-être que si. Mais si tu te rends compte que quelque chose n’est pas normal, tu devrais peut-être commencer à poser les bonnes questions. »


Le ton était sec, la perte de temps n’était pas dans l’intérêt du charretier. Le paysage astral n’aidait pas à rendre cette conversation moins surréaliste qu’elle ne l’était déjà.
« Nous emmènes-tu à Lemuria ?
- A Garland. Tu n’as plus rien à faire à Lemuria pour l’instant. Quelqu’un a besoin de toi là-bas. »
Besoin de lui ? Pouvait-il encore y avoir des rescapés à la destruction de Garland ? Et connaissant cet homme ?
Abel se retourna pour vérifier que ses amis restaient endormis.
« Dans combien de temps vont-ils se réveiller ?
- Quand je le déciderai. Je ne veux pas que l’on soit dérangé pour l’instant. Nous allons nous arrêter quelques minutes. Cette halte ne sera pas inutile. »
Le charretier laissa tomber les rênes. Sans plus de commandement, les deux chevaux s’arrêtèrent. Il descendit de son siège, et se dirigea vers la mer, quelques dizaines de mètres plus bas. Abel le suivit, et tous deux s’assirent, avec pour horizon l’espace reflété sur l’eau.
Il examina rapidement l’inconnu. Légèrement plus grand que lui, il n’en imposait cependant pas beaucoup avec ses cheveux noirs courts et son visage imberbe. A bien regarder, Abel remarqua que ses habits n’étaient pas ceux du paysan qu’il devait être : un ensemble de cuir fin l’enrobait. S’il avait une place dans ce monde, ce dont commençait à douter l’ancienne Ombre, elle serait parmi les nobles de ces terres.
Un silence tout aussi peu naturel s’instaura quelques instants, avant qu’Abel ne décida de briser la glace. 


« Qui es-tu ?
- Tu poses enfin la bonne question, il semblerait. »
Il leva la tête vers le ciel, préparant sa réponse les yeux dans l’infini.
« Je suis celui par qui le chaos est arrivé dans ta vie, Abel. Je suis au-dessus de David, et je surplombe tous ses semblables, car ils furent créés par moi ou mes incarnations. »
Les yeux d’Abel s’ouvrirent, son cœur s’accéléra.
« Je suis le Tisseur. Je suis le Dieu Créateur. Et toi seul est mon sauveur, ainsi que du Temps qui se meurt. Mais tu peux m’appeler Diocletian. »


« Je ne comprends plus rien. »
Ces mots eurent du mal à sortir, accompagnés d’une gorge fermée et de sanglots ravalés.
« Tu ne peux pas tout comprendre maintenant. Tout ce que tu croyais s’est envolé, et j’en suis désolé. Je n’attends pas de toi que tu comprennes ce qu’il s’est passé, ou ce qu’il va arriver. Je te demande juste de faire ce qu’il faut, ce pour quoi tu es venu au monde.
- Pourquoi moi ?
- A cette question, je ne peux donner aucune réponse. Il s’avère juste que sur des milliers de milliards d’hommes dans l’univers, à travers toutes les dimensions, tu sois le seul dont la destinée n’est pas définie.
- Qu’est-ce que ça veut dire ?
- Les vies de chaque humain normal sont prédéfinies, prévisibles. Elles sont là. »
Il s’arrêta pour poser sa main à l’emplacement de son cœur.
« A l’intérieur de moi sont créées et tissées les vies de tous les hommes qui composent notre univers. Leur vie, leur mort, tout est préparée. Mais sur la Toile du Temps, un fil n’est pas cousu. Un espace vide dans une toile parfaite, pouvant la modifier sans l’aiguille du tisseur. J’ai mis des centaines d’années pour retrouver d’où vient ce chaînon manquant, et te voilà, Abel. »


Une toute-puissance commençait à émaner de Diocletian. Son apparence n’avait pas changé, mais son discours lui avait donné une autre dimension. Abel se sentait écrasé par la présence de son divin interlocuteur.
« Tu es une énigme. Et comme je te l’ai dit, je me meurs.
- Comment un être comme toi peut-il mourir ?
- Je ne pensais le pouvoir. Mes corps meurent, mais mon intérieur ne le devrait pas. Or, mon cœur, qui se nourrit de l’essence des Dieux, commence à faiblir.

Advenas

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Date d'inscription : 07/07/2014

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